Grand Jeu Sans Frontières Des Blogueurs Mangeurs De Disques
Edition n°8 – DIMANCHE 16 MARS
Thème 4 : "There's no future, no future, no future for you!"
« Le disque que vous écoutez quand tout semble sans issues, histoire de se rouler dans le désespoir... »
Mon choix : Raime - Quarter Turns Over A Living Line (2012, Blackest Ever Black)

Bande sonore post-apocalypse ??
Voici donc un des disques (récent pour celui-ci) que j'écoute quand j'ai le blues, sorte de bande son de ma psyché obscure et sombre la plus profonde. Ces périodes où, face à la connerie et l’intolérance du monde (et les raisons ne manquent pas), le cafard voir la dépression me guette et que tout me semble sans espoir….mais ce n’est que passager, fort heureusement !!
Raime, tel un organisme informe et malsain, semble avancer en rampant dans des périphéries urbaines et dévastées, des zones interlopes et glauques….L’album est sorti sur le label Blackest Ever Black, maison réputée pour abriter des terroristes soniques tels que Prurient, Régis (avec qui Raime a déjà collaboré), Vatican Shadows ou le premier EP de Tropic Of Cancer (« The Sorrow Of Two Blooms » 2011).
Deux producteurs londoniens (Joe Andrews et Tom Halstead) sont aux commande de Raime. Leur musique prend racine dans des influences éclectiques en abolissant les frontières entre rock et électronique. Mais que le duo arpente les courants de l’Indie ou de l’électro, c’est toujours par la face obscure. Raime s’inscrit dans cette tendance actuelle lourde d’aborder les musiques électroniques par son coté « dark ».
A l’écoute de « Quarter Turns Over A Living Line », on ressent une espèce de malaise, un sentiment diffue mais permanent. Dans ces ambiances pesantes et étouffantes où l’air est presque irrespirable, se côtoient drones lancinants, cordes, riffs de guitares, percussions, sonorités métalliques et sombres sorties de machines démoniaques. Des cris semblent parfois même s’échapper, étouffés par des grésillements ou autres saturations. L’auditeur plonge dans les égouts de l’âme humaine, ces souterrains obscurs menant au fin fond de nulle part, ou plutôt au cœur des ténèbres de la psyché.
Réminiscences de sons, de musiques, de divers groupes ou styles, passés ou présents, mais remixés, triturés, déstructurés et retravaillés par Raime. Bribes de souvenirs, d’ambiances et de rythmes, fragments Goth’, Indus ou Post-punk mais aussi Darkwave, Dubstep, dark Ambiant-Techno. Un vaste kaléidoscope bruitiste et sauvage où se rencontreraient Coil, Swans, Current 93, Autechre, Earth, Andy Stott ou Shackleton.
Encore une musique d'obédience électronique traversée de spectres…de fantômes...Une musique "hantologique" ?? En tout cas, un disque qui risque de laisser de profondes traces, de briller d’une obscure clarté et de rayonner entièrement sur les années à venir. Alors, prêt pour l'obscure voyage ????