Après Mes disques 2007 préférés, c’est au tour de mes films. 2007 fût un crû cinématographique moyen, sans réel chef d’œuvre mettant tout le monde d’accord. Malgré tout, certains cinéastes tirèrent leur épingle du jeu et proposèrent des œuvres de bonnes tenues. Une année marquée par : deux biopics musicaux très originaux (« I’m Not There » et « Control »), un come-back inespéré (Friedkin), les cauchemars en mode vidéos de Lynch, Fincher redéfinissant le film de serial killer (12 ans après « Seven »), Cronenberg et Gray travaillant le motif universel de la famille et de la trahison...Trêve de blabla et let’s go !!

Zodiac - David Fincher

Paranoid Park - Gus Van Sant
Un lycéen fan de skateboard tue accidentellement un homme. La police mène l’enquête et notre héros est tiraillé par les remords, les doutes et ses peurs. Après sa superbe trilogie poétique, conceptuelle, et “arty” (« Elephant », « Gerry » et « Last Days »), Gus Van Sant travaille à nouveau son thème de prédilection l’adolescence. « Paranoid Park », mis en scène avec virtuosité, est traversé de séquences oniriques à la beauté plastique inouïe. Chaque plan est un véritable « tableau filmique » que Gus a peint avec sa caméra experte, secondé par Christopher Doyle, un des plus grands chefs opérateur actuel (quasi tous les Wong Kar Wai, Jarmusch..). Le film contemplatif de l’année !!!
Inland Empire - David Lynch
C’est la dernière œuvre filmique en date de Lynch, six ans après son chef d’œuvre absolue « Mulloland Drive », immense objet d’une sensualité et d’un raffinement inouï dont, aujourd’hui encore, on n’a pas finit d’en découvrir l’univers, d'en percer les mystères. En totale opposition, « Inland Empire » est peut-être son film le plus extrême, le plus radical, le plus punk même depuis…..« Eraserhead » (1977). Tourné en caméra numérique, « Inland Empire » est une œuvre expérimentale et conceptuelle qui explore les champs de l’avant-garde et de l’art contemporain, entre cinéma, vidéo, installation plastique et cauchemar mis en image. C’est une plongé en apnée dans les entrailles de la psyché humaine, de sa face obscure et malsaine. En explorant Hollywood et son industrie du cinéma, c’est tout l’Americana que Lynch questionne, ses idéaux, ses mythes, son esprit de liberté mais aussi ses peurs, sa paranoïa ainsi que la notion de rêve américain ! Le film le plus décapant de l’année !!!

Control - Anton Corbijn
La vie et la fin tragique de Ian Curtis et ses Joy Division raconté par un homme qui a vécu l’histoire de près. En effet, Anton Corbijn était le photographe du groupe dont certains clichés sont rentrés dans la Rock Story. Le somptueux noir & blanc est en parfaite adéquation avec l’univers glacial de Joy Division. Rigueur et beauté des cadres, mise en scène précise, excellence du jeu d’acteur et musiques font de « Control » un biopic musical de référence.

La nuit nous appartient - James Gray
Familles, trahisons, amours complexes, code d’honneur, déchéance, rédemption…Toujours les mêmes motifs universels, travaillés de manière obsessionnelle, par le virtuose James Gray. Quand classicisme rime avec excellence !!!

Les Chansons d'amour - Christophe Honoré
« Les chansons d’amours », c’est un peu la version musicale de son film précédent, « Dans Paris » (2006). Chassé-croisé amoureux, marivaudage, homosexualité, complexité des rapports humains, autant de thèmes traités en main de maître par Honoré. En situant son film à mi-chemin entre « La maman et la putain » (Jean Eustache), « Jules et Jim » (François Truffaud) et « Les demoiselles de Rochefort » (Jacques Demy), Honoré cite la nouvelle vague sans jamais la singer. Les parties musicales ont été composées et écrites par le très inspiré Alex Beaupain et chantées par les acteurs eux-même. Quand comédie rime avec tragédie (musicale) !!!

Les Promesses de l'ombre - David Cronenberg
Derrière ce film de gangsters noir et violent se cache une véritable tragédie shakespearienne. Mise en scène ultra virtuose, scénario et suspens haletant, personnages à la psychologie extrêmement bien travaillé, direction d'acteurs impeccable, casting prestigieux (Viggo Mortensen, Naomi Watts, le frenchy Vincent Cassel)....Deux ans après le chef d’œuvre "A History Of Violence", un nouveau diamant dans la filmo de Cronenberg qui bâtit une des œuvres essentielles du cinéma contemporain !!

Bug - William Friedkin
Le retour au top d’un vétéran du cinéma 70’s que je n’attendais plus. En prenant comme parti-pris extrême l’épure visuelle et scénaristique, Friedkin radicalise son propos et réussi un grand film sur la paranoïa. Une maison, deux personnages, un désert pour seul décor et une tension permanente. Quand cinéma rime avec paranoïa !!

I'm Not There - Todd Haynes
« six fois Dylan », telle pourrait être l’un des sous-titres de ce film. Ne voulant surement pas d’un biopic musical conventionnel et attendu, Todd Haynes a trouvé THE idée : 6 acteurs différents pour incarner Bob Dylan ou plutôt 6 facettes de sa personnalité (vie artistique ou vie privée). Et carrément gonflé, un des personnages est joué par un noir et un autre par une femme. Le film le plus schizophrène de l’année !!!

"Le fils de l'épicier" - Eric Guirado

Boulevard de la mort - Quentin Tarantino
Première partie d’un diptyque dont Robert Rodriguez filma la seconde, ce film est scindé en deux scènes d’action ultra violentes. Entre celles-ci, un immense boulevard de dialogues décalés, tranchants, parfois jubilatoires et souvent ennuyeux. Mais même en mode mineur, un Tarantino reste un bon film par rapport au ¾ de la production mondiale. Le film le plus violent…..et bavard de l’année !!!