Que faire après un succès surprise, de plus quand on a toujours été un auteur confidentiel et intègre ?? Continuer dans la même veine ??? Se renouveler ?? Évoluer toujours au risque de décevoir son nouveau lectorat ??? Ou alors faire une pause (ré)créative ?? Recueil de petites saynètes quotidiennes autobio savoureuses, décalées, parfois surréalistes et oniriques, « Pause» est le journal intime de Fabcaro, celui d’un auteur en pleine crise de doutes et soumis aux affres de la création. Un régal !!!
Au Travail#2– Olivier Josso Hamel (L'Association)
Album psychanalytique et autobiographique, Olivier Josso Hamel explore sa mémoire, son enfance, ses traumas (son père disparu trop tôt), ses doutes, le processus créatif…Mais c’est aussi une véritable œuvre conceptuelle débordante d’idées géniales, dans un style graphique entre Crumb et Shelton (dixit l’auteur) sur des couleurs orange/vert. L’auteur y rend superbement hommage aux grandes figures de la BD découvert jeunot : Hergé, en revisitant « l’île noire» version psychédélique, mais aussi Brétecher, Sempé ou Reiser. En réinventant la BD autobiographique, Josso Hamel réalise un chef d’œuvre, tout simplement !!!
Le Chat du Rabbin Tome 7– Joann Sfar (Dargaud)
La lecture de ce septième tome est toujours aussi jubilatoire. Cette fois, le Chat est en proie à la jalousie. Sous son regard acerbe, philosophique et sarcastique, ce sont les travers des humains qu’il met en lumière : paternité/filiation, religion, cohabitation inter-religieuse, tolérance et bien d’autres thèmes sont encore abordés en toute simplicité. Une des meilleures séries actuelles !!!
Une sœur– Bastien Vivès (Casterman)
Roman initiatique sur l’adolescence, la découverte du désir, de l’amour, des choses de la vie. Complexité des émotions, des sentiments. Un dessin précis au trait fin, fluide et expressif tout en étant épuré sur des teintes de gris. Un sens inouï du cadrage, des détails en apparence anecdotiques et un art du montage renforçant le coté cinématographique de l’histoire. Troublant !!
Je n'ai pas de projet professionnel– David Snug (Même Pas Mal)
Tout comme JC Menu (auteur auquel on pense forcément), David Snug a deux passions : le rock et la BD, mais en mode (ultra) indé et « Do It Yourself » !! Dans cette autobiographie décalée et déjantée, avec un regard acerbe mais rempli d’humour, noir & blanc et dessin faussement naïf limite punk, David Snug nous parle de son adolescence, de sa découverte du punk, du milieu musical indépendant, des SMAC… « Je n'ai pas de projet professionnel » ou le parfait manifeste pour ne pas réussir sa carrière ! Un auteur génial, superbe découverte perso, dans la veine des Menu, Bourhis, Half Bob ou autre Joe Sacco !!!
Les solitaires– Tim Lane (Delcourt)
Après « Noir c’est noir» (2009), encore une plongée vertigineuse et glauque dans l’arrière-cour du rêve américains doublée d’un vibrant hommage à la contre-culture US. Un pavé de 300 pages composé d’histoires se répondant entre elles et ayant toute une identité visuelle propre. Tim Lane y alterne avec une virtuosité inouïe les procédés narratifs et formels (BD classique, pavé de texte, paroles de chansons, faux vieux fanzines, pages dépliables, figurines à découper et monter, croquis…) dans un noir & blanc somptueux, un trait d’une grande finesse, un dessin ultra chiadé et réaliste convoquant autant Burns, Eisner que Crumb.
Hip Hop Family Tree. Tome 2 (1981-1983)– Ed Piskor (Papa Gédé)
Ed Piskor poursuit son exploration des débuts de la scène Hip Hop (période 1981 à 1983). Toujours en grand format, un dessin entre vieux comix Marvel et Daniel Clowes et avec des couleurs délavées donnant une patine rétro, on y croise Run DMC, Beastie Boys, KRS-One, NWA, Ice-T…mais aussi Basquiat, Malcolm McLaren. Très ludique mais richement documenté et fourmillant d’anecdotes (genèse des tubes « Planet Rock » ou « The Message »), ce livre m’a totalement captivé alors que je n’écoute presque plus de rap (Tome1 dans mon top BD 2016).
La Terre des fils– Gipi (Futuropolis)
L’errance d’un père et ses deux enfants, rares survivants d’une catastrophe dont on ne connait la cause. Cet univers post-apocalyptique, glauque et pessimiste, dessiné d’un trait vif, fin et faussement naïf dans un noir & blanc charbonneux rappelle l’immense «Blast» de Larcenet.
Dans la combi de Thomas Pesquet– Marion Montaigne (Dargaud)
Avec son humour légendaire et son art de la vulgarisation scientifique, Marion Montaigne nous conte le périple de ce héros national qui a captivé les foules. De sa rude sélection aux longues phases d'entraînement jusqu’à son voyage spatial de 6 mois et son retour sur terre, Marion Montaigne dessine ce parcours hors-norme façon carnet de croquis pris sur le vif.
Ideal Standard– Aude Picault (Dargaud)
Avec énormément de sensibilité, d’humour et de tendresse, Aude Picault nous parle de la condition de femme moderne. Elle y questionne les notions de couple, de désir, d’épanouissement, de maternité mais aussi du rapport homme/femme, de la recherche de l’être aimé…Un style épuré, autant dans le trait, la composition des cases ou l’utilisation de la couleur (principalement jaune) posée en touches éparses. Rêve et déception d’une trentenaire pour un album qui n’est pas une autobio mais la synthèse de ses interrogations et ses colères dixit l’auteure !!!
ET AUSSI...
Alive– Luz (Futuropolis)
Afterz– Charles Berberian (Fluide Glacial)
Ces jours qui disparaissent– Timothé Le Boucher (Glénat)