Vendredi 8 Mars : « La chanson qui met des frissons dans le dos »

Mon Choix :

« Bouquet de nerfs » Noir Désir (2001) LP « Des Visages Des Figures »

Tout d’abord, qu’est-ce c’est, pour moi, une chanson qui arrive à me mettre des frissons dans le dos ?? C’est une chanson qui me touche au plus profond de mon être, faisant vibrer intensément mon cœur et mon âme. Ce type de chanson fait surement échos à mon vécu, à mes souvenirs, une partie de ma vie…La plupart du temps, elle est composée d’une somptueuse mélodie à la beauté triste, car généralement, c’est une chanson triste et mélancolique. On y retrouve souvent des cordes célestes, des chœurs angéliques, parfois des montées épileptiques et des rythmes envoûtants. Et condition essentielle, c’est une chanson que je peux écouter et réécouter en boucle, plusieurs fois de suite même, la larme au coin de l’œil ! Bref, encore un thème très inspirant qui a suscité en moi de vastes débats pour le choix final.

La liste des prétendantes est longue : « Tides Of The Moon » ou « Little Rhymes » Mercury Rev, « Exit Music (For a Film) » ou « Pyramid Song » ou « All I Need » Radiohead, « Not Just A Ghost's Heart » Songs: Ohia, « No song, no spell, no madrigal » The Apartments, « Anyone's Ghost » The National, « Another Night In » ou « Medicine » Tindersticks, « Fifteen Feet Of Pure White Snow » Nick Cave, « On The Beach » ou « Like A Hurricane » Neil Young, « Glossolalia » ou « Coward » Vic Chesnutt, « It's wonderful life » Sparklehorse, « Cold Little Heart » Michael Kiwanuka, « Night & day » Jon Allen, « Big Painter » Bill Fay………La liste est longue je disais, et je n’ai même pas inclus le Jazz, l’électro, le néo-Classic/Ambient et la Chanson. Mais la mort dans l’âme j’ai dû faire mon choix.

« Sweet Mary » ou « A ton étoile » ?? Non, ce sera donc « Bouquet de nerfs » de Noir Désir, le groupe qui aura le plus marqué ma vie depuis mon adolescence. Mélodie somptueuse, partie de guitare à se damner joué par le virtuose Serge Teyssot-Gay (immense guitariste), l'arrivée des cordes célestes…et surtout les paroles et la voix de Bertrand Cantat, son chant à l’interprétation si inspirée. Et par rapport aux artistes de cette liste, le fait que ce soit dans notre langue, les mots très poétiques me touchent directement donc plus intensément.

LES PAROLES :

Journée de la pleine lune

Au sommet de la dune

A caresser de loin ton chien

T'oublies or not t'oublies

Les ombres d'opalines

Au rendez-vous suivant, j'attends

Au fond d'une autre limousine

Qui ne vaut pas plus cher

Que ce bouquet de nerfs

A frôler la calanche

Les étendues salines

A perte de vue on s'imagine en Chine

Trompe la mort et tais-toi

Trois petits tours et puis s'en va

J'opère tes amygdales

Labyrinthiques, que dalle

Ne m’est plus rien égal

Je sais je n'ai offert, que des bouquets de nerfs

Rubis de Sade et jade, déjà je dis non

Diamant, c'est éternel

Des fleurs, des bouts de ciel immense

La liste des parfums

Capiteux, capitalistes c'est bien

Mais olfacultatif

Liste en boule, au panier

Finalement j'ai offert, quelques bouquets de nerfs

Agendas donnez-moi

De vos dates à damner

Tous les bouddhas do monde

Et la Guadalupe

S'il arrive qu'un anglais

Vienne me visiter

Dans la métempsychose

Je saurai recevoir je peux lui en faire voir de la sérénité

Et même lui laisser un certain goût de fer

Et ce bouquet de nerfs

Voici la version live encore plus puissante :

Rendez-vous dimanche pour la suite de ce Jeu, pour le sixième thème !!

Igit – Jouons (Parlophone) 31.03.2017

Soyons honnête d’entrée : J’ai découvert Igit lors de la Saison 3 de The Voice en 2014 où il finira en demi-finale. Bluffé par ses prestations, j’ai voulu en savoir plus et j’ai découvert son premier album studio, le très réussi « Jouons » (n°24 de mon top 30 LP 2017). Depuis, je le réécoute régulièrement avec le même plaisir. Et l’année dernière, j’ai eu la chance de le voir en concert à Lyon : une prestation extraordinaire, seul avec sa guitare, ses pédales d’effets et sa voix rauque !!!

Igit, alias Antoine Barrau de son vrai nom, est un multi-instrumentiste, compositeur, auteur et chanteur au talent immensément grand, à l’image de son physique ! En troubadour baroudeur et vagabond, il a fait ses premières armes comme artiste de rue, des faubourgs d’Ottawa (Canada) aux ruelles de Paris en passant par la Slovénie. C'est d'ailleurs dans ce pays qu'il s'est essayé à la musique électronique et a composé pour des spectacles de danse contemporaine. Un véritable artiste touche-à-tout talentueux ouvert sur le monde et sa diversité.

« Jouons », c’est une musique originale faite d’arrangements travaillés et de mélodies somptueuses d’une redoutable efficacité – noces païennes et festives entre Chanson, Blues, Pop-folk et électro. C’est une voix rauque et chaude, un chant ultra inspiré à l’interprétation totalement habité, entre gouaille rétro et modernité, entre Paname 50’s, le Bayou et les scansions urbaines limites rap/slam…une voix de bluesman blanc !!!

Mais « Jouons », c’est aussi un univers original et très personnel, des textes pleins d’humanité et de sensibilité magnifiquement écris, véritables petites saynètes de la vie quotidienne. Une superbe plume affutée qui poétise les sentiments, l’errance, l’amour, la joie…bref, tous ces petits riens de la vie, de notre vie. Poésie réaliste ou onirisme du quotidien. Les 13 chansons qui composent « Jouons » sont de véritables scénarios de films tournés « en cinémascope de poche » !!

Igit, magnifique créateur et raconteur d’histoire musicales !!!

…Un univers original et très personnel je disais. Mais en plus de la musique et des mots, l’univers d’Igit est aussi visuel, autant sur scène, dans ses pochettes de disques que dans ses vidéo-clips. Pour preuve, ces 3 chansons aux vidéos formellement très réussie et bourrés de trouvailles sympas.

Bertrand Belin – Persona (Cinq7/Wagram) 25.01.2019

Bertrand Belin, dandy rock, est de retour avec « Persona », 4 ans après « Cap Waller » (n°19 de mon top 50 albums 2015), œuvre très aboutie que je réécoute encore régulièrement. J’avais d’ailleurs eu la chance de le voir à Lyon, en juillet 2016, en première partie de…Tindersticks (quand même) ! Et même avec un groupe aussi charismatique et mythique jouant après-lui, il s’en était sorti superbement, nous offrant un concert de haute volée.

Et « Persona » aujourd’hui, que vaut-il ?? Soyons honnête et direct d’entrée : Un petit bijou, encore un diamant de plus à la magnifique parure qu’il bâtit avec un immense savoir-faire depuis plus de 15 ans, malgré un succès public encore trop timide.

Sur « Persona », on retrouve le Style Belin, inimitable et tellement personnel : Des compositions travaillées et envoûtantes malgré une économie d’effet, des rythmiques aux tempos souvent lents et métronomiques, des claviers atmosphériques…Mais aussi un jeu de guitare d'une virtuosité modeste et sans frime, entre arpèges délicats, subtil touché quasi jazzy, finger-picking folk et dissonances - brusques envolées plus rock...La Belin Touch, c'est aussi une voix grave, un chant traînant au phrasé à la diction nette d’où se détache chaque mot, chaque son, mettant encore plus en valeurs de superbes textes elliptiques et mystérieux. Et cette poésie abstraite, sorte d'esthétique contemporaine et urbaine, est incroyablement magnifiée par un véritable travail d'interprétation. Car oui, Bertrand Belin est un vrai chanteur/interprète, de la trempe des Brel, Ferré ou Bashung. Une voix, un corps et une âme entièrement au service de ses textes, de la vérité des mots...et c'est encore plus flagrant en live ! Regardez-donc une vidéo d'un de ses concerts ou voyez-le sur scène et vous comprendrez !!! 

Ni tout à fait Pop, ni tout à fait Rock (malgré une coupe "banane de rockeur"), on pourrait peut-être définir son style par un croisement entre Chanson poétique, conceptuelle et lettrée oscillant vers une sorte de Folk alternatif. Pour preuve, il aime citer Bill Callahan comme référence.

POUR RAPPEL : Voir mon billet où se trouve un fascinant documentaire réalisé en 2014 et livrant quelques clés afin de mieux pénétrer et tenter de comprendre l'univers de Bertrand Belin.

Au final, une œuvre poétique à la beauté mystérieuse et envoûtante. La grande réussite made in France de ce début d’année !!!

Le titre « Immortel » est connu de tous comme le second de l’album « La Musique » sorti en 2009. Cependant, ce que je ne savais pas, c’est que cette chanson écrite par Dominique A était originellement destinée à…Alain Bashung.

En pleine création de « Bleu Pétrole », Bashung avait fait appel à diverses plumes : Gaëtan Roussel (qui produira en plus le disque), Manset, Joseph D’Anvers, Arman Méliès et…Dominique A pour un morceau. Mais Bashung, se sachant déjà très malade, refusa au dernier moment d’intégrer la composition du chanteur nantais de peur qu’elle suscite diverses interprétations non désirées. Dominique A l’intégrera finalement sur « La Musique », disque sorti un mois après la mort du chanteur. Un bel hommage rempli d’immortalité à son ami disparu.

« …La chanson lui a plu, il l’a enregistrée, mais finalement ne l’a pas retenue sur Bleu Pétrole. Il l’a travaillée longtemps. Pour moi, c’était la chanson de Bashung. Je l’ai reprise à mon compte pour lui donner quand même une existence mais ça n’a pas été simple. J’évite de penser à lui quand je la chante... » dixit Dominique A.

10 ans plus tard, « Immortel » s’apprête à connaitre une nouvelle vie. En effet, ce sera le premier extrait de « En Amont », album posthume d’Alain Bashung qui sortira ce 23 novembre et réalisé par sa complice et amie Edith Fambuena (« Fantaisie Militaire »). La boucle sera ainsi magnifiquement bouclée !!!

Après le superbe « Piano Ombre » en 2014 (n°6 de mon top LP perso), le groupe Frànçois & The Atlas Mountains sera de retour dans les bacs en mars prochain avec son quatrième album « Solide Mirage ». Pour patienter, voici 2 premiers extraits avec leurs clips.

Mercredi 14/12 : Candeur : La chanson parfaite que l’on écoute le mercredi après-midi, telle une madeleine de Proust, lorsque la présence d’enfants dans les rues nous rappelle quelques souvenirs de jeunesse.

MON CHOIX : Noir Désir « À L'Arrière Des Taxis » (1989)

Aujourd’hui, pour être raccord avec le thème, il faut une chanson me rappelant mon enfance, mes souvenirs de jeunesse. Et quand je cherche une chanson « Madeleine de Proust », c’est Noir Désir qui me vient immédiatement en tête, surtout les deux premiers albums.

1989 : j’avais 14 ans quand est sorti « Veuillez Rendre L'Âme (À Qui Elle Appartient) », une œuvre fortement connectée à mon adolescence, essentielle dans ma formation de jeune homme. C’est même grâce aux paroles de « À L'Arrière Des Taxis » que j’ai découvert mon poète culte Vladimir Maïakovski ! Une chanson pleine de puissance, de rage et de rock. La force de la voix de Bertrand Cantat, la puissance de ses paroles, les images poétiques qui s’en dégagent. Son chant tout en furie, à l’interprétation complètement habitée, quasi mystique !!

2016 : j’ai 41 ans et j’écoute encore religieusement ce disque de Noir Désir, mais maintenant, en pensant avec nostalgie à l’innocence perdue de mes jeunes années….et je lis toujours avec la même passion le « Le nuage en pantalon » de Vladimir Maïakovski. Le temps passe, reste les souvenirs...

« …dans un élan de poésie mal contrôlé… » 

En attendant ma critique du superbe premier album d’Emji, le très baroque, pop et poétique « Folies douces », voici le clip de son premier single « Lost ». Pour rappel, Emji fût la gagnante Nouvelle Star 2015, survolant tout le concours à très haute altitude et surclassant la concurrence comme Julien Doré en son temps !!!

Bonus pour finir de vous convaincre : Ses reprises, véritables relectures dantesques et totalement habitées de « Glory Box » de Portishead, « Sweet Dreams » d’Eurythmics et « Bachelorette » de Bjork. Une immense star était née en direct à la télé. Mais quel charme, quelle présence scénique…et quelle voix !!!! 

La chanteuse Robi a sorti en début d’année « La Cavale », second album assez réussi évoluant entre Chanson française, électro et New Wave. Mais aujourd’hui je vais m’intéresser à son précédent LP « L’Hiver et la joie » (2013), et plus particulièrement au titre « Ma route » en duo avec Dominique A. Son clip, par ses ambiances nocturnes en forêt, ces travellings hypnotiques…convoque à ma mémoire celui de « We No Who U R », chanson de Nick Cave & The Bas Seeds extrait de son dernier « Push The Sky Away » (2013).

Deux clips made in 2013 à l’esthétique très proche : sombre, baroque, traversée de spectres, de fantômes…une esthétique hantologique (ou Hauntology en anglais) !! 

Ce rapprochement visuel, délire ou hallucination perso ?? Qu’en pensez-vous ???