La transmission de notre mémoire collective a toujours été pour moi une valeur capitale, un devoir citoyen indispensable et essentiel même, car une société sans mémoire est une société perdue.
En cette année de commémoration, ce devoir de Mémoire est d’autant plus important, surtout qu’en 1918, TOUT le monde disait : PLUS JAMAIS ÇA ! Mais c’était sans compter sur l’amnésie collective qui guette toute démocratie, telle une bête immonde, coté obscure de la Force (si j’ose la métaphore) ! La suite hélas, on la connait tous…..Et avec la montée en puissance des partis d’Extrême Droite, en France comme dans beaucoup d’autres pays d’Europe, c’est plus que jamais d’actualité !!
Patrick Modiano a reçu en décembre le prix Nobel de littérature. Dans son discours écris pour l’occasion, il y a magnifiquement fait allusion. Modiano, l’enfant de la guerre comme il se défini lui-même et dont la thématique de la mémoire à traversé toute son œuvre. Dans ce texte ô combien magnifique et poétique, un passage se situant tout à la fin m’a particulièrement ému, et touché. Je vous laisse méditer dessus (et vous conseille de le lire intégralement, facilement trouvable sur internet) :
« …. J’ai l’impression qu’aujourd’hui la mémoire est beaucoup moins sûre d’elle-même et qu’elle doit lutter sans cesse contre l’amnésie et contre l’oubli. À cause de cette couche, de cette masse d’oubli qui recouvre tout, on ne parvient à capter que des fragments du passé, des traces interrompues, des destinées humaines fuyantes et presque insaisissables. Mais c’est sans doute la vocation du romancier, devant cette grande page blanche de l’oubli, de faire resurgir quelques mots à moitié effacés, comme ces icebergs perdus qui dérivent à la surface de l’océan. »
Patrick Modiano, le 7/12/2014, Stockholm