Petit voyage dans le temps avec une sélection de tracks Acid Technod'anthologie, ayant été joués sur les dance-floor de la planète entière. Tous ont été créés avec le célèbre synthétiseur/séquenceur TB-303 de chez Roland, instrument symbole du courantAciddes musiques électroniques.
Le voici donc :
Petit cours d’histoire : Le TB-303 n'est qu'un synthétiseur/séquenceur. Pour obtenir de bons morceauxElectro/Technodansant comme les suivants, il faut évidement le coupler avec une boite à rythmes de bonne qualité (comme le Roland TR-808).
Au départ, il fût construit pour servir de basse virtuelle aux guitaristes jouant seuls. Mais ses sonorités n'étant pas appropriées, Roland ne le fabriqua que pendant deux ans, de 1982 à 1983, en un nombre réduit d'exemplaires (d'où la complexité pour en trouver un aujourd'hui à un prix raisonnable).
C'est seulement aux milieux des années 80's que les créateurs électro vont lui donner une seconde vie. Pourquoi ?? Grâce à son oscillateur unique (et quelques autres particularités), on peut déformer les sons et ainsi obtenir ces sonorités acides si typiques. Ajouter à cela un séquenceur simple d'utilisation, et vous obtenez son succès. Voilà comment un "raté" de chez Roland a permis la création de l'Acid House/Acid Techno et à contribuer l'évolution des musiques électroniques sous toutes ses formes. Car dans de prochains billets, nous verrons qu’il fut utilisé autant pour l’Electro Acid, l’IDM/Electronica que leHip Hop old school.
Phuture – Acid Tracks (1987, Trax Records)
L’acte fondateur de l’Acid-House pour beaucoup. Mais d’autres avis considèrent que ce serait “I’ve Lost Control” de Sleezy D. Une chose est sure, c’est le titre du morceau qui a donné son nom au genre.
Coexist– The xx (Young Turk) : Après un premier album éponyme en 2009 (n°1 de mon top disques), The xx poursuit l’exploration de leur univers si singulier où se côtoient le spleen, la mélancolie et l’épure. Un minimalisme musical (et esthétique), digne héritier du «Colossal Youth» de Young Marble Giant. Ma chronique complète arrive prochainement.
Centipede Hz– Animal Collective (Domino) : Ce nouveau disque marque le retour de de Deakin (guitare) au sein d’Animal Collectif. A quatre, le groupe signe-là son album le plus «rock» et le moins « aquatique ». Mais surtout, «Centipede Hz» est le premier du collectif à me toucher et me séduire autant. Un chef d’œuvre ???
Life Is People– Bill Fay (Dead Ocean/Differ-ant): Quarante ans après son second album (« Time Of The Last Persecution » 1971), Bill Fay rayonne à nouveau avec son Folk-Rockcéleste. Et il était temps pour un auteur dont les deux disques ont atteint le statut d’œuvre culte ! Le Come-back le moins attendu et le plus inespéré de l’année !!!
Clear Moon– Mount Eerie (P.W.Elverum & Sun) : Premier volet d’un dytique dont la seconde partie, «Ocean Roar », doit sortir ce mois-ci, « Clear Moon» est un peu le compagnon d’errance mélancolique de « Coexist». D’une beauté majestueuse, sa musique oscille entreAmbiant-folk, Shogeazeet mêmeDrone-métalpar endroit. Atmosphères brumeuses, subtiles nappes de claviers, touches d’électroniques éparses pour un album rappelant autant la B.O de «Twin Peaks», lePost-rockde Nadja ou Labradford que les dérives Doom-Folkde Earth ou Barn Owl.
Here's To Those We Could Not Save– The Imaginary Suitcase (Autoprod’) : Reçu l’album via internet par son auteur en personne (je l’en remercie vraiment), je l’ai découvert fasciné, émerveillé. Cet artiste français joue undark-Folk/Indietrès inspiré et possède une voix d’une très grande puissance émotionnelle de toute beauté…J’en reparlerai plus en détail très rapidement.
Rinse Presents: Royal-T– Royal-T (Rinse) : EntreDubstep, GrimeetU.K Funk/U.K Bass, Royal-T s’affirme comme une valeur sure de la musique Dance/Hip hop anglaise. Merci encore à CroCnique pour cette (énième) découverte.
Suite de mon exploration à travers cette époque bénie (les années 70') où ce fameux Rock "Choucroute" (version allemande du Rock Psychédélique), partouzait sans complexe avec le Jazz, le Space Rock, les influences ethniques et les diverses avant-gardes musicales et expérimentales.
« Rocksession » - Embryo (1973)
« Ethnico-Jazz RockSession » Embryo aurait-il pût aussi appeler cet album tant le Jazzet la World music y sont présents. Kraut’, Jazz Rock et Funk Psychédélique se côtoient en toute virtuosité ! Les morceaux alternent tempos frénétiques ou plus lents et planants, basses groovy, ambiances ethniques (« A place to go »), solos endiablés de guitares, d’orgues et de claviers électriques….Un grand album de Krautrock? Ou un grand disque de Jazz rock??? Un peu des deux. Une grande œuvre musicale, tout simplement !!!
Quatre longs morceaux (10 min pour le plus court) ou quatre dérives soniques savamment barrées composent ce troisième disque de Guru Guru. LeurKraut’ navigue entre Rock Free et Psychédélique, envolées lyriques, solos de guitares endiablés sous haute influence Hendrixiène (avalanches d’effets, wah-wah, fuzz…), expérimentations sauvages et rythmiques dantesques. Le plus Rock des groupes de Kraut’ !!!!!! (La pochette fût parodiée en 1995 par Pavement pour leur « Wowee Zowee »).
Ce n’est pas un véritable groupe mais le fruit de jam sessions, fortement arrosées de L.S.D, organisées par Hans-Ulrich Kaiser (fondateur du label Kosmische Musik) qui convia nombre de musiciens connus tels Manuel Göttsching et Klaus Schulze, alors membres de Ashra Temple. Cet album au titre éponyme fut le premier d’une série de cinq, tous sortis entre 1974 et 75, sans l’accord d’aucuns des participants. Malgré les polémiques et les procès autours de la sortie de ces enregistrements, ce premier disque reste malgré tout un magnifique témoignage de la vague Cosmic music (ou Kosmiche en allemand), également empruntée par Klaus Schulze à la même époque. Encore une grande influence de nos jours, notamment pour des artistes comme Expo ’70 !!!
Le Krautrock est entrée pleinement dans ma vie dans le milieu des années 00’. Mais bien des années avant, chaque fois que je découvrais un nouveau style musical - que se soit le Post-punk, la Cold Wave, le Néo-Psyché80’s ou même la Technoou l’Electronica/Ambiant (en bref, toutes les musiques électroniques émergeantes) - leurs grands représentants citaient en sources d’inspirations et comme influences majeurs certains albums ou groupes estampillés « Krautrock». C’était le cas pour The Fall, Joy Division/New Order, Nurse With Wound, Spacemen 3, Stereolab, nombres de créateurs et Dj’s Techno/Electronic 90’s ou plus récemment Expo ’70, Umberto et toute la clique proche du label Not Not Fun. J’ai alors vite compris, même avant de le connaître réellement, l’importance et l’énorme rayonnement de ce courant stylistique majeur.
Mes tous premiers disques Krautrock acquis furent "Tago Mago" (Can, 1971) et "The Man Machine" (Kraftwerk, 1978). Deux versions pour deux approches différentes de ce style musical. D'un coté un double album gargantuesque, rock, Psyché et Expérimental et de l'autre, un album plus "électronique" (ou proto-électro). Ils s'avérèrent de bonnes portes d'accès pour pénétrer au sein de ce mouvement protéiforme, expérimental et ambitieux. Malgré ma relative ancienneté, j'ai vraiment plongé au cœur de ce mouvement musical ces quatre dernières années. Je fus même pris d'une boulimie de Kraut, cherchant à dénicher des perles rares ou des groupes moins régulièrement cités.
Comme je l’ai fait pour lejazz(Part.1 et Part.2), je vous propose ma sélecta totalement subjective des albumsKrautrockqui me plaisent le plus. Pour cette première partie, j’ai fait le choix de ne mettre qu’un seul disque du même groupe et des albums ratissant un large spectre stylistique :Krautrockbien sur mais aussiKosmiche Musik,Space rock,Jazz rock,Proto-électro……….En route donc vers ces témoignages musicaux d’une époque passée où, dans une Allemagne coupée en deux, des artistes totalement inspirés emmenèrent leRock vers des contrées inexplorées. (Classement par ordre alphabétique).
« Osmose » - Annexus Quam (1970)
En quatre morceaux, 2 courts « format pop » (3 à 4 min) et 2 beaucoup plus longs « format jazz » (10 et 18 min), Annexus Quam explore des paysages soniques inouïs et éclectiques en fusionnant Krautrock, Psychédélique, Avant-garde et expérimentations Jazz. Nappes cosmiques, claviers vintages, cuivres et guitares free, travail de production élaboré, alternance de passages calmes et planants avec de brusques envolées lyriques….Tel est le vaste programme de ce premier disque d’Annexus Quam à la pochette aussi bizarre et somptueuse que sa musique ! Une œuvre méconnue, à (re)découvrir de toute urgence !!!!!!
« Malesch » - Agitation Free (1972)
Le Krautrock devient Space rock. Cosmique certes, mais cette musique est aussi tellurique, mystique et ethnique. Agitation Free a été très marqué par ses nombreux voyages, notamment en Inde, et ses créations en portent les traces. Orientale, maghrébine ou indoue, autant d’influences que le groupe infuse dans son rock « spatial ». Dérives soniques et ses errances bruitistes pour une fabuleuse épopée musicale et Psychédélique !!! Son album suivant est tout aussi recommandable (« 2nd »).A noter qu’ils se sont reformé et joueront à Paris en mars 2012.
« Ege Bamayasi » de Can (1972)
Ou quand le Krautrock rencontre le jazz d’Electric Miles (période « Bitches Brew ») !!! Sur cet album, Can rend sa musique plus accessible en y intégrant des touches « Pop ». Mais en y insérant aussi des parties très jazz rock, il réussi le difficile pari de créer une œuvre navigant autant entre expérimentation et musique populaire !!! Pari payant car « Ege Bamayasi » fût le plus gros succès commercial de Can. Et avec sa photo de boite de conserve customisée, la pochette est presque une œuvre Pop Art à la Andy Wahrol. Musique et visuel réunis : une œuvre d’Art totale ???
“Zuckerzeit” - Cluster (1974)
Cet album est un peu l’opposé de son prédécesseur « Cluster II », sa face opposée, son Yang. Les deux premiers disques de Cluster étaient beaucoup plus complexes et atmosphériques, les ambiances Dark et les drones oppressants y régnaient. Celui-ci est plus immédiat, direct, électronique et joyeux, presque « Pop » ! Bien que plus accessible, il est malgré tout avant-gardiste car, à la première écoute, on jurerait entendre une production d’Electronica 90’. Certains titres sont même proto-Techno, sorte de Matrice primale pour la musique électronique des décennies à venir.
Voici enfin mon top B.D 2011. J’ai lu cette année beaucoup de bandes dessinées plus anciennes donc hors concours et je suis sûrement passé à côté d’un certain nombre de bons livres. Ce classement sera donc subjectif et incomplet. Mais quel top peut se vanter d’être complètement le contraire des deux ? Les livres sélectionnés ici sont ceux qui m’ont le plus touché, ému et/ou intrigué. Des lectures dépaysantes, instructives et jubilatoires, parfois immédiatement fédératrices ou au contraire un peu plus exigeantes, d’un plaisir à mériter. Vous trouverez pêle-mêle des One-shot, des sagas qui débutent («Aama ») ou qui se poursuivent («Blast», « Sublife»).2011 n’aura pas été un cru exceptionnel mais une bonne année quand même et aura réservé son lot de surprises, de confirmations et de découvertes. Trêves de bavardages et en piste !!!
B.D
1«Aama» - Frederik Peeters (Gallimard)
Encore un (petit) chef d’œuvre pour le génial Frederik Peeters (n°1 de mon top B.D perso en 2008, 2009, 2010). Avec cet album, commencement d’une nouvelle saga qui s’annonce palpitante, il mélange plusieurs genres (science-fiction, aventure, psychologie) et intègre de savant flash-back afin de remonter le fil sinueux de l’histoire. Technologie, futurisme, onirisme et métaphysique sont abordés via un dessin et une mise en scène (ou page) virtuose de ce créateur d’univers inouïs. Et ce n’est que le premier tome ! Rendez-vous l’année prochaine. Le chef d’œuvre BD de l'année !!!
Simon, dessinateur en panne d’inspiration, est un peu paumé dans sa vie et dans son couple. Un séjour au Portugal, pays de son grand-père, va l’amener à réfléchir sur ses origines, à faire le point et ainsi tenter de se reconstruire. Simon, c’est un peu le double fictionnel de Cyril Pedrossa et cette histoire la sienne, mais également celle de tous ces enfants d’immigrés. « Portugal» ou quand l'intime rencontre l'universelle. Magnifiquement édité (livre gros format d’environs 300 pages), « Portugal» est une œuvre autobiographique d’une extrême délicatesse et d’une grande poésie. Le visuel est somptueux grâce à un dessin au trait fin et élégant et des couleurs pastel pleine de vie. Autant thématiquement que formellement, « Portugal » est une des belles surprises de l’année et très justement sélectionnée à Angoulême !!
4 «Le chant de la machine Intégrale» – David Blot & Mathias Cousin (ManoloSanctis)
Réédition intégrale de ces deux volumes essentiels (parus en 2000 et 2002) sur l’histoire des musiques électroniques (origines, évolution, lieux mythiques, etc…). Le livre indispensable pour tous ceux qui ont vécu l’explosion du mouvement techno (vers 1992) ou qui aiment cette musique. Une bible définitive sur ce mouvement musical, véritable quasi philosophie de vie. A noter que c’est l’unique album du dessinateur Mathias Cousin, au style graphique inspiré par Robert Crumb, qui est mort en 2002 avant la sortie originelle du tome 2. LA réédition de l’année !!!!
L'auteur propose à un ami vigneron qu'il lui apprenne tout sur le métier. En échange, Davodeau lui ouvrira les portes du 9ème Art, de ses coulisses à la rencontre avec ses potes dessinateurs connus. En véritable sociologue/ethnologue, Davodeau narre la vie ordinaire des gens ordinaires. "Les Ignorants" est l'histoire d'une amitié, d'une rencontre entre 2 passionnés, venant chacun d'un univers totalement différent en apparence. Les plaisirs simples, la nature, l'authenticité mais aussi l'Art sublimé dans cette superbe ode à la vie. Et si Étienne Davodeau était le Raymond Depardonde la bande dessinée ???
7«Blast 2, L’apocalypse selon St Jacky» - Manu Larcenet (Dargaud)
Décidément, Manu Larcenet est vraiment un auteur fascinant, capable de passer facilement d’un genre à un autre et changer radicalement d’univers. « Blast, l’apocalypse selon St Jacky» est donc la suite du tome 1 sorti en 2009 (n°3 top B.D perso). Visuellement, c’est toujours ce somptueux noir & blanc charbonneux traversé de brefs passages de couleurs, ce dessin aux traits vifs, crayonnés et épileptiques. Un style graphique se situant entre abstraction, expressionnisme (allemand) et réalisme. On pourrait le définir comme un réalisme onirique abstrait. Dans ce faux huit-clos, par l’interrogatoire du héros, le lecteur (tout comme les enquêteurs) suit les errances et la déchéance de ce personnage, remonte le fil de sa vie et tente de la comprendre. Le 9ème Art à son zénith. Vivement la suite !!!
8« Jeanine» - Matthias Picard (L’Association)
Première œuvre de cet auteur, « Jeanine» raconte avec beaucoup de tendresse la vie d’une prostituée de 60 ans. Noir & blanc, trait simple sans être trop naïf et humour noir. Un petit bijou de poésie du quotidien !!!
9«Rock Strip Come Back» - Collectif dirigé par Vincent Brunner (Flammarion)
Ce second volume, à la couverture parodiant toujours la pochette «Cheap Thrills» de Big Brother & The Holding Compagny (1968, dessinée par Robert Crumb), est basé sur le même concept que le premier volume (2009, n°4 top B.D perso). Chaque auteur créé son histoire sur l’artiste qu’il a choisi, en double page. Mais pour ce second volume, ce n’est que de nouveaux artistes/groupes. « Rock Strips Come Back» ou la version de la « Story rock’n’roll » revue et corrigée par chaque dessinateur. Une bande dessinée à lire et à relire, ultra jubilatoire et un sommet de « b.d’n’roll » !!!! La BD la plus rock de l'année !!
10"Tonoharu" - Lars Martinson (Le Lézard Noir)
"Tonoharu" est la chronique tragi-comique d'un enseignant américain exilé en pleine campagne japonaise. Entre des mœurs totalement différentes, incompréhensions et malentendus, Lars Martinson dépeint en toute simplicité et sincérité le choc des cultures. Répétitions des paysages et des cadrages, dessins hachurés tout en étant très minutieux, canevas formel identique (4 cases par page), absence de dialogue sur de longs passages...toutes ces trouvailles permettent à l'auteur de dépeindre parfaitement notre vision occidentale d'un pays où le temps semble comme suspendu, au ralenti, et les silences s'étirer sans fin. La BD contemplative de l'année !!!
Dans les années 1910, un gang de malfrats terrorise l'Afrique du Sud, La Bande à Foster. Ennemi public n°1 et poursuivi par toute la police du pays, ils préféreront se donner la mort plutôt que d'être capturer. C'est ce fait-divers réel que Botes & Hattingh se sont inspirés pour créer 2 histoires en parallèles dans ce livre. La principale, se déroulant de nos jours, montre deux losers accros aux bière et à la coke qui, par désœuvrement et fascination, décident de s'intéresser à cette affaire. En alternance, écrite et dessinée dans le style des journaux d'époque, la seconde histoire suit la fin tragique de la bande à Foster. A mi-chemin entre fiction et réalité, ce livre est une charge contre l'Histoire officielle, la morosité et le désespoir en Afrique du Sud. Avec Joe Daly, Conrad Botes place l'Afrique sur l'échiquier de la bande dessinée mondiale. La B.D politique de l'année !!!
12«Renée» - Ludovic Debeurme (Futuropolis)
Avec son dessin au trait fin extrêmement minutieux et d’une très grande virtuosité, son somptueux noir & blanc, son absence de dialogue, ses corps en mutation, son travail sur la monstruosité...Ludovic Debeurme serait-il le Charles Burns français ???
Après la musique, c’est au tour du 7ème Art d'être à l'honneur. Rétrospective des films qui m’ont marqué, touché et même parfois énormément ému. 2011, mon année cinéma ou mes œuvres préférées.
Même si je ne parle pas souvent hip hop sur ce blog, j’en écoute encore de temps à autre. Je sais très bien qu’au fond je suis et resterai un indie-boy à vie, c’est comme ça. Malgré tout, j’ai quand même découvert cette année quelques galettes très sympas.
Les albums qui me plaisent sont à mille lieux des clichés « gangsta » (Beastie Boys) ou s’amusent à les détourner (Tyler, The Creator). Ils ont pour points communs d’être un rap mutant (Death Grips), virtuose, souvent électronique (Clams Casino) et même parfois teinté d’indie rock (Lil’B samplant Slowdive) ou de diverses influences originales (Shabazz Palaces). L’an passé déjà, Gonjasufi m’avait scotché avec son rap chamanique sur le très psychédélique «A Sufi And A Killer» et avait raflé la première place ex-eaquo de mon top albums.
N’ayant cité qu’un seul et unique disque de ce style musical dans mes tops, « More Throwaways EP » de Zero G7, je vous propose onze albums qui ont pas mal squatté ma platine tout au long de cette année fraîchement écoulée.
1. Ras G – Down 2 Earth (Ramp Recording)
Court, 32 min mais 21 chansons, «Down 2 Earth» est un disque rap de « rasta » oscillant entre dub, reggae, électro, psychédélisme, soul, jazz, énormes beats, abstractions soniques (bruits, sons, craquements, etc…) et transes ethniques. Fortement influencé par le regretté J Dilla, la musique de Ras G est autant tellurique que cosmique, pouvant s’apparenter à une quête spirituelle à la recherche du son parfait ! Après Why? en 2009 («Eskimo Snow»), Gonjasufi en 2010, cette année c’est Ras G. Décidément, le rap chamanique, psychédélique et décalé se porte bien. Pourvue qu’ça dure !!!
2. Danny Brown - XXX (Fool’s Gold)
Danny Brown n’est pas un de ces jeunes rappers qui débarquent de nulle part, vite adoubés par la « hype », mais un mec de trente piges (soit le titre XXX), une personnalité et un look improbable (jeans slims, t-shirt de groupe rock, coiffure longue avec frange + un côté rasé et des dents pouraves), voila le bonhomme. Et il possède un flow de tueur (à la Dizzee Rascal je trouve) exprimé sur des productions de qualité, très originales à l’image du personnage et très éclectiques. A suivre de près !!!
3. Shabazz Palaces – Black Up (Sub Pop)
Un album de rap chez Sub Pop ??? Non, vous ne rêvez-pas et c’est d’ailleurs la première signature hip hop du mythique label de Seattle. Troisième opus de Shabazz Palaces, « Black Up» est un bijou musical où se croisent dubstep, électro/dowtempo, abstract hip-hop, samples de jazzet musique africaine. Entre répétitivité et audaces des samples à la Antipop Consortium et folie psychédélique à la Gonjasufi (le leader de Shabazz Palaces est son cousin), Un sommet de rap avant-gardiste !!
4. A$AP Rocky – Live.Love.A$AP (self-released)
Figure montante de la scène rap New-Yorkaise, A$AP Rocky possède un bon flow qu’il balade sur des instrumentaux d’une grande virtuosité signés…..Clams Casino (et oui, il est partout) ! D’où l’équation A$AP Rocky + Clams Casino =Génie x 2 !!!
5. Tyler, The Creator – Goblin (XL Recording)
Premier album signé sur un label pour ce membre du collectif hip hop Odd Future. Venant de Los Angeles, Tyler et ses potes donnèrent un véritable coup de boule dans le ronron ambiant du hip hop ! Ces anarchistes du rap prônaient le « no future », une idéologie nihiliste, la gratuité de leur musique et une esthétique lo-fi, « Do It Yourself » 2.0 et provocatrice. Sur “Goblin”, le flow est lent, désespéré ou parfois criant, posé sur une musique glauque, ultra minimaliste et anti-commerciale. “Goblin” est une chronique acide des bas-fonds telle une seringue usagée plantée dans le bras d’un junkie en manque. Alors, malgré que Tyler, The Creator ait suscité cet énorme buzz médiatique, il ne s’est pas fait récupérer par le système. Mieux, tel un Guy Debord du XXIème siècle, c’est lui qui joue avec la société du spectacle.
Avec ses instrus pour Lil'B, Soulja Boy, A$AP Rocky...cet italo-américain de 23 ans, originaire du New Jersey, construit une musique électronique aride, atmosphérique et abstraite à partir de ces nombreuses influences dont le shoegazede My Bloody Valentine ou Slowdive. Alors, Clams Casino, producteur révélation de 2011 ?? J'en ai bien l'impression !
7. Lil’ B – I'm Gay (I'm Happy) (BasedWorld)
Rien qu’avec sa pochette parodiant «I Want You» (1973) de Marvin Gaye et un titre (“Open Thunder Eternal Slumber”) samplant le « Catch The Breeze » de Slowdive (LP «Just For A Day »), ce disque avait déjà gagné mon respect ! C’était sans compter sur les 11 autres titres, tout aussi réussis. Lil’B a bien gagné sa 7ème place de ce top.
8. Wu-Tang Clan – Legendary Weapons (E1 Music)
Retour de ces légendes New-Yorkaise en pleine forme, malgré l’absence de quelques membres historiques.
9. Death Grips - Exmilitary (Third Worlds)
Quand le rap devient Métal, Expérimental, Induset très puissant. Un chaos sonique !!!
10. The Criminal Minds – T.C.M 2 Volumes (Rephlex)
The Criminal Minds ou les terroristes du rap. Un attentat sonore en deux explosions !!
11. Beastie Boys – Hot Sauce Committee Part 2 (EMI)
Après son combat contre le cancer d'un de ces membres, le retour d'un groupe d'anthologie. Un retour en demi-teinte même si cet album n'est pas mauvais. Mais quand on pense à ce qu'ils ont accompli par le passé....Peut être est-ce difficile de faire mieux dans ce contexte. Honnête sans être transcendantale !!
Seconde partie de mon année musicale. Après2011 : mes albums préférés, c’est au tour des EP et Maxis, toujours sans véritable classement hiérarchique. Je vous propose plutôt une synthèse des disques (formats courts) que j’ai le plus aimé et écouté tout au long de cette fabuleuse année 2011 !!!
Voici les albums sortis cette année qui m'ont le plus touché, ému ou bouleversé parfois. Aucun ordre de préférence ni hiérarchie, je les ai juste regroupé par genre et sous-style.
Bonnie Prince Billy vient de sortir son nouvel album, "Wolfroy Goes To Town". Il en profite pour faire une tournée en France qui s'arrêtera ce mardi 18 octobre, à L'Epicerie Moderne de Feyzin, à coté de Lyon. Ami(e)s lyonnais, n'oubliez-pas.
Etant accro aux listes en tout genre, c'est l'occasion rêvée pour élaborer une petite playlist de mes albums préférés du troubadour barbu, sous ces diverses identités.
Palace Music – "Viva Last Blues" (1995) : Changement de pseudo pour cet excellent album enregistré par le mythique producteur Steve Albini. Malgré sa courte durée (31 min), c'est un chef d’œuvre, mon préféré. Will Oldham électrise son folk qu'il teinte de touches éparses de blues, sorte slow-(folk)corebluesy. "Viva Last Blues" est un peu le "On The Beach" d'Oldham !!!
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Bonnie 'Prince' Billy - "I see a darkness" (1999) : Premier album sous ce nouveau pseudo, "I see a darkness" conclu le millénaire agonisant en créant sa bande sonore, apocalyptique et mélancolique. Un folk-rock dark, gothique et sombre à l'image de sa pochette. Le sommet de sa carrière ?????
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Bonnie ‘Prince’ Billy– "Ease Down the Road"(2001) : Pour entrer dans le nouveau siècle, il compose cet album 100 % Americana tranquille, sorte de Country-folk à la cool légèrement bluesy et rempli de ballades somptueuses. Le disque de l’apaisement ???
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Palace Brother "There Is No-One What Will Take Care Of You" (1993) : C'est avec ce disque au titre à rallonge (grosso-modo "Il n'y a personne qui s'occupera de vous") que le public indie français à vraiment découvert Will Oldham. Il a révolutionné la country, cette musique de "ploucs blanc", en la passant à la machine à (dé)laver indie programme lo-fi (en même temps qu'un autre génial branleurblancBeck). Résultat : Un chef d'oeuvre de néo-country et de folk crépusculaire.
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Palace Songs – Hope (1994) : Encore un léger changement de nom de groupe pour cet EP stylistiquement situé à mi-chemin entre la Country lo-fi bancale des débuts et le Cool Folk groovy tendance Slowcore d’après. 6 titres en états de grâce permanent !!
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BONUS :
Bonnie 'Prince' Billy - "The Letting Go" (2006) : Après réflexion, je rajoute cet album qui est aussi très bon mais différent, peut être du fait qu'il l'a enregistré avec le producteur Valger Sigurdsson, en terre Islandaise. Ma critique ici.
LOCK GROOVE: "C'est le mot anglais qui définit le "sillon sans fin" qui clôt chaque face enregistré d'un disque vinyle. Ce sillon final est présent sur tous les disques. Il forme une boucle (Lock) mais la plupart du temps il est silencieux" nous explique Menu dès les premières cases de ce formidable comics. Mais parfois, un son y est enregistré et ainsi tourne en boucle. Et c’est cette quête de Lock groove, quasi spirituelle, qu’il narre dans cette B.D. Entre délires visuels, onirismes, références rock'n'roll, souvenirs et fantasmes, c'est le projet original et fou de JC Menu d'écrire un livre sur les "lock(ed) groove" prétexte a une autobiographie sur son rapport passionné à la musique. Musique, quand tu nous tiens.
La suite du premier, tout aussi réussie. Vous y retrouverez ces chroniques de disques possédant des lock grooves (mis en page de façon originale) ainsi que diverses aventures de l’auteur dont une soirée champignons hallucinogènes d’anthologie (et véridique) avec le chanteur et ami Polo des Satellites (dont Menu fit le logo du groupe, la pochette et le livret de leur first album «Des grooves et des souris»), le récit de son festival aquatique et boueux à « La Route du Rock » en 2004, ses labels indé US préférés, etc…Jubilatoire et, comme le vol.1, INDISPENSABLE !!!
«JukeBox» - Charles Berberian (2011) Fluide Glacial
"Rock Strips" -Collectif (2009) Flammarion
Amateur de rock et de bandes dessinées, cet ouvrage collectif est pour vous. Sous titré : « L’histoire du rock en BD », « la version du rock selon 33 auteurs de BD » aurait été plus juste. L’idée : 33 très grands créateurs actuels de BD (Menu, Ruppert&Mulot, Killofer, Tanquerelle, Oiry, Bouzard, Sapin, Antico, Berberian, Clerc, Luz, Obion, Catel, etc.. ) ont choisi chacun 1 groupe et ont eu carte blanche pour, sur 4 à 8 pages, en donner leur vision. Et ceci sous la direction du célèbre rock critique Vincent Brunner. Au final, des histoires certes inégales, mais de très bonnes surprises et aussi de grandes réussites. Avec « Le petit livre rock» (voir plus haut), un sommet de la BD rock’n’roll !!!
“Mister Nostalgia” - Robert Crumb (1998) Cornélius
Robert Crumb, le pape de la B.D underground moderne, a une passion obsessionnelle pour les anciennes musiques de son pays : le Jazz, le blues, le Gospel, le Hibbily et la Country. Il a sillonné l’Amérique à la recherche de vieux 78 tours. Cet album prend racine dans cette quête, cette recherche inlassable des sons primitifs et des ses créateurs. En nous en parlant, il nous narre aussi l’histoire de sa nation, ou plutôt de son histoire bis. Celle des loosers géniaux, de ces artistes maudits qui n’eurent que peu de gloire de leur vivant. Et il se transforme en formidable passeur et historien du blues américains, de l’Amérique des bas fonds. Un chef d’œuvre !!!
En 2008, j’avais édité un post nommé :Best off "Premier album" !!. Trois ans plus tard, j’en écris sa suite car soit j’avais oublié certains disques cultes (Joy Division, Slowdive, TV On The Radio), soit d’autres artistes/groupes sont apparus depuis (Fleet Foxes, The XX, Fever Ray, Gonjasufi) et ont réalisé un first album « parfait » ou très réussi, quelques fois un chef d’œuvre !!
Un des plus grands groupes de shoegaze sort son premier LP en 1991, un an après l’énormissime «Nowhere» de Ride (un de ses concurrents les plus sérieux). 43 minutes pour 9 titres orientés dream pop neurasthénique et (néo)psychédélique très planante. Un véritable joyau, labyrinthe sonore où il fait tellement bon s’y perdre et s’y abandonner ! Et en 1993, ils sortiront "Souvlaki", un des plus grands albums, sinon le meilleur, du mouvement shoegaze !!!
«Desperate Youth, Bloodthirsty Babes»TV On The Radio (2004)
Déboulant comme une furie dans le monde de l’Indie rock avec cette première attaque sonique carrément barrée, ce groupe a véritablement explosé tous les codes. Ces New-Yorkais ont proposé une musique hybride et volcanique : Un post rock déjanté malaxé avec du free jazz en roue libre, de la soulabrasive, de l’électro mutante, de la popfuturiste, du gospelépileptique et fiévreux…Et les disques qui ont suivis n’ont fait que confirmer leur singularité et leur talent.
Karin Dreijer Andersson(moitié du duo The Knife)exorcise ses démons enréalisant son premier projet solo, véritable coup de maitre ! Cet album, véritable journal intime de l’artiste, propose 10 titres d’électronica dark/Dowtempo aux ambiances gothiques, sombres et Lynchéènes. Une grande œuvre électronicà la beauté malade.
Je suis toujours sous le choc "Body World" de Dash Shaw, cet immense "pavé" dessiné très psychédélique et ultra novateur, du niveau de "Jimmy Corrigan" de Chris Ware. Malgré tout, j'ai acheté et suis en train de lire d'autres très bonnes B.D, sorties récemment ou non. Il y a bien sur "JukeBox" de Charles Berberian dont je vous ai parlé ici.
"Corridor" de Sarnath Banerjee 2006 Vertige Graphic
C'est un auteur indien que j'ai découvert suite à l'exposition "Indian Highway IV" au musée d'Art Contemporain de Lyon (où il exposait des œuvres). Et c'est d'ailleurs pour moi une première dans la manière de découvrir un dessinateur ! Après l'Afrique du Sud avec « Dungeon Quest Tome 1 » de Joe DalyL’Association ou "Rats et chiens" (2009) de Conrad Botes, c'est au tour de l'Inde d'exporter ses auteurs de bandes dessinées. Avec un graphisme d'une très grande inventivité, mêlant noir & blanc, couleurs et collages surréalistes de pub, journaux ou photos, dans une très grande audace formelle et scénaristique, l'auteur narre la vie d'une galerie de personnages déjantés, décrivant ainsi les contradictions de son pays pris entre tradition et modernité. Sexe, mysticisme, littérature, collections, citations et références pop, le tout sous une plume à l'humour noir et acerbe. Une très grande découverte que je recommande chaudement !!!!!!
"Sublife 2" de John Pham 2011 Karakamboui
Après «Sublife 1» de John Pham (2010)dont j'ai déjà dit tout le bien que j'en pensais, voici enfin traduit le Volume 2. Je viens juste de l'acheter aujourd'hui donc je ne l'ai pas encore lu. Mais après le premier coup d’œil, je m'attends au meilleur !!!!
"Silex and the city" de Jul 2010 Dargaud
Tellement à fond que je suis dans la B.D dite indé, il a fallu un cadeau pour que je découvre cet album ultra jubilatoire. Passé maître du jeu de mot qui fait mouche à chaque fois, Jul nous décrit notre société à travers le prisme de la préhistoire. Humour, étude quasi sociologique de notre société et ses travers, graphisme sympa. En ces temps de dérives politiciennes, c'est une lecture salvatrice.
"La Forêt" de Tiburce Oger + Vincent Perez 2007 Casterman :
Encore une découverte grâce à un cadeau car l'Héroic-Fantasy et la B.D historique n'est pas ma spécialité. Scénarisé par l'acteur/metteur en scène Vincent Perez et superbement dessiné par Tiburce Oger, c'est un album très poétique et onirique sous fond de contes et croyances bretonne. Depuis, une suite est parue, "Le logis des âmes". Un livre parfait pour des nuits de (douces ??) rêveries !!!!